Parc photovoltaique en Alpes de Haute-Provence

La France doit (et peut) accélerer sur le solaire photovoltaïque

Après mon article d’introduction sur le biogaz, en voici un autre expliquant pourquoi je suis un grand défenseur du solaire photovoltaique. Alors qu’Emmanuel Macron a été réélu Président et dit vouloir accélérer la transition énérgétique, cette source d’énergie est la plus facilement déployable ainsi que la moins chère.

Au niveau mondial, le photovoltaïque est en croissance exponentielle avec 1 TW (soit 1000 GW) de capacité installée, soit 200 fois plus qu’en 2004-2005, quand j’ai commencé à m’y intéresser.

Ces derniers temps, il semble que le photovoltaïque connaisse un regain de popularité et que notre beau pays pourrait rattraper son retard par rapport ses voisins. La France a en effet vu 2600 MW de solaire photovoltaique installé l’an dernier, soit deux à trois fois plus que les années précédentes. La capacité totale de notre pays atteint à la fin 2021 les 13,6 GW, à comparer avec 60 GW en Allemagne, 25 en Italie et 15.6 en Espagne.

Capacité solaire photovoltaïque installée en France, par année. Source : Wikipedia.

Mais la France peut rattraper son retard : suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ENERPLAN, le Syndicat des professionnels de l’énergie solaire, a dévoilé un plan d’urgence qui permettrait dattendre rapidement 25 GW de capacité, soit l’équivalent de production d’électricité de deux réacteurs EPR. A l’heure actuelle, la file d’attente de projets atteint 10,3 GW, soit presque de quoi doubler notre puissance installée.

Je reste persuadé qu’il y a assez d’endroits pour installer des panneaux solaires pour qu’on n’ait pas besoin de déforester ou d’utiliser des terres qui pourraient être cultivables. Le mois dernier une liste de 859 sites a été publié par le Ministère de la transition écologique. 130 km² de terres dégradées pourraient bénéficier de biorémédiation afin de dépolluer le site et seraient des endroits ideaux pour des fermes solaires. Cela permettrait d’installer de 10 à 13 GW de capacité, soit presque autant de capacité que ce la France a d’installé à l’heure actuelle.

Montés sur un axe, avec tracker, les panneaux solaires peuvent suivre la course de notre étoile et ainsi produire de l’electricité du lever au coucher du soleil. Une récente étude a démontré que cela permet d’augmenter de 35% la production d’electricité d’une ferme tout en baissant le coût de l’electricité par 15%. Le problème de l’electricité de jour pourrait ainsi être en grande partie résolu. Une société bretonne, OKWind, fabrique de tels trackers.

La France peut compter également sur au moins 10 GW de capacité installable sur des lacs de retenue, anciennes carrières ou autres étendues d’eau. Le solaire flottant est techniquement fiable et rentable et dispose de nombreux avantages, dont une augmentation du rendement des panneaux, une diminution de l’évaporation de l’eau en période estivale et dans le cas des barrages hydroélectriques, des capacités de transmission déjà installées. Des installations ont déjà eu lieu en France et dans de nombreux pays.

L’ADEME considère qu’il y a plus de 360 GW de capacité exploitable rien que sur les toitures de notre pays. Ce à quoi cette même agence rajoute 53 GW de capacité sur les friches industrielles et les parkings. Travaillant pour les collectivités locales, je suis impressionné par les toitures d’écoles, de centres techniques municipaux, de gymnases et autres bâtiments municipaux et collectifs qui pourraient accueillir des milliers de MW de capacité. Notre pays doit et peut accélérer sur le solaire.


Pour en finir avec les idées reçues :

– Les panneaux solaire durent bien plus de 20 ans : les garanties de rendement actuelles sont de 25 ans. Ceux-ci peuvent durer plus de 30, voire 35 ans. La perte de rendement est minime dans le temps.
– Les panneaux sont recyclables à 95% car ils sont majoritairement conçus avec cinq matériaux : aluminum, verre, silicium, plastique et cuivre. Voir cette vidéo pour plus d’info sur une usine de traitement en France.
– Les émissions de gaz à effet de serre sur l’entièreté du cycle de vie des panneaux sont très basses, voire négligeables. Une nouvelle étude parle de 25 g de CO2 equivalent par kWh.
– Les coûts du solaire PV ont chuté de 90% entre 2010 et 2020, rendant cette source d’énergie très compétitive, même en France, et même pour des applications résidentielles. Voir a ce sujet cette excellente étude.
– Les panneaux solaire photovoltaique sont déjà en partie fabriqués en France et de nouvelles usines verront le jour prochainement : celle de Sarreguemines-Hambach, en Moselle, pourrait produire 4 GW de panneaux d’ici à 2025, soit plus que ce que notre pays a installé l’an dernier.

Cet article ne saurait être complet sans mentionner le solaire thermique, qui comme son nom l’indique peut chauffer l’eau chaude sanitaire ainsi que contribuer au chauffage des batiments dans l’intersaison. Son potentiel est largement inexploité en France. Les 36,000 établissements de santé et médico-sociaux pourraient largement en bénéficier. Tout comme les hôtels, les immeubles résidentiels, les campings… Il y a là aussi de quoi s’occuper pour les 30 ans à venir.

Pour finir, je partage avec vous tous cet article du Parisien paru le mois dernier qui m’a enthousiasmé, qui m’a fait sourire, qui m’a donné envie de croire en un futur (plus) radieux (?) :” Secteurs qui recrutent en 2022 : l’énergie solaire, un gisement d’emplois sans précédent.” Alors, pour votre prochain job, pourquoi pas le solaire ?

Dans un prochain article, j’écrirai sur le stockage de l’énergie. On y parlera STEP, batterie à flux… L’intermittence et la variabilité des énergies solaires et éoliennes ne sont pas des fatalités.

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