Après la traduction de mon article sur le biogaz, après mon introduction au solaire photovoltaique, je voulais proposer en Français un article sur une autre pièce essentielle de notre transition énergétique : les bus électriques. Voici donc la traduction – et la mise à jour – de mon article anglophone de 2018.
Si les voitures électriques font couler beaucoup d’encre, un autre véhicule profite aussi largement de l’électrification : les bus. Ils ne circulent pas seulement un peu le matin et le soir, mais toute la journée, et parfois même une partie de la nuit. Ils ne transportent pas seulement une ou deux personnes, mais des dizaines en même temps. C’est pourquoi le passage de 5 000 bus au tout électrique a le même impact que l’electrification de 100 000 voitures.
Les transports publics sont un élément clé de la durabilité, de la résilience et de la lutte contre le changement climatique. Les villes du monde entier sont polluées, et les énormes moteurs diesel qui font fonctionner les bus actuels font partie du problème. Mais la situation est en train de changer, et ce dans le monde entier.
Les villes passent aux bus électriques pour quatre raisons.
Ils sont économiquement rentables
Selon une étude citée par Robert Llewellyn et Jonny Smith sur l’excellente chaine Youtube Fully Charged, le passage des bus à des modèles électriques permet aux villes de réduire les coûts de carburant de 70 % et les coûts de maintenance de 50 %. Le site Américain Cleantechies citent Proterra, une entreprise américaine de bus électriques, qui affirme économiser plus de 80 % sur les coûts énergétiques par rapport au diesel. Il s’agit là de réductions vraiment massives.
De plus, selon Bloomberg New Energy Finance : ” dans une mégapole, où les bus parcourent au moins 220 km/jour, l’utilisation d’un e-bus de 350 kWh, même le plus cher, à la place d’un bus roulant au gaz naturel compressé pourrait permettre de réaliser environ 130 000 dollars d’économies sur les coûts d’exploitation pendant les 15 ans de vie d’un bus. “
Cela peut sembler peu, mais le BNEF est très conservateur dans ses estimations et ses travaux. Il souligne ainsi que même dans les “pires scénarios”, les villes gagneraient de l’argent en changeant aujourd’hui. Comme l’explique le cabinet de conseil, les prix continuent de baisser à mesure que la technologie est adoptée dans le monde entier et la parité des coûts avec le diesel interviendrait au milieu des années 2020. D’autres analystes estiment toutefois que les bus entièrement électriques sont déjà compétitifs en termes de coûts. Ces perspectives sont passionnantes.
Ils polluent moins, font moins de bruit et fournissent une meilleure expérience.
Dans son excellent article sur Vox, David Roberts souligne également qu’en plus de réduire les coûts et la pollution, les bus électriques font moins de bruit et offrent une “expérience beaucoup plus agréable” aux usagers car ils sont “plus bas sur le sol (et) plus spacieux”. C’est un système gagnant-gagnant-gagnant-gagnant. Les usagers y gagnent, le voisinage y gagne, la ville y gagne, la planète entière y gagne !
Une étude publiée cette année à Gothenburg en Suède a même démontré que la diminution du bruit des bus électriques par rapport à des bus hybrides avait une incidence positive notable sur la santé physique et mentale des riverains. Le bruit de nos villes nous nuit et les bus électriques sont une des solutions…
Mais tout n’est pas rose pour les bus électriques à batterie (BEB) : ils coûtent plus cher au départ, leur autonomie peut être plus limitée et ils ont besoin d’une capacité de charge, donc idéalement, d’électricité propre et bon marché pour les recharger. Ce dernier point pourrait ne pas être un problème longtemps si les capacités éoliennes, solaires et biogaz continuent à croître.
Les villes du monde entier adoptent en masse les bus électriques.
Malgré ces inconvénients, de plus en plus de villes ont commencé à abandonner les modèles polluants fonctionnant aux combustibles fossiles pour des bus entièrement électriques plus propres.
En France, les sociétés de transport public desservant Paris et ses villes voisines ont annoncé qu’elles allaient rendre leur flotte zéro émission (soit avec des bus electriques ou à biogaz) d’ici 2029. Cette mesure permettra de lutter contre la pollution atmosphérique qui sévit dans la capitale française depuis des années.
D’autres villes françaises ont déjà ou sont en train de passer au bus électriques. On peut citer Montpellier qui a annulé son contrat de bus à l’hydrogène pour des bus électriques (coutant moins cher à l’achat et six fois moins cher au kilomètre), Marseille ou Rennes. Ainsi selon Transbus, on dénombre déjà 1 000 bus de ce type en France dans 40 réseaux de transport public. La liste complète des villes est en bas de page.
Des bus electriques, c’est bien, s’ils sont fabriqués en France, c’est encore mieux. La société hollandaise Ebusco a prévu d’investir 10 millions d’euros pour pouvoir fabriquer 500 bus electriques par an dans une usine louée à Renault (source).
Ailleurs en Europe, Londres a prévu de rénover 5 000 vieux autobus diesel, dont ses célèbres autobus à deux étages. Selon Bloomberg, si la flotte de bus de la ville passait entièrement à l’électrique, la consommation nationale de diesel serait réduite de 0,7 %. D’autres villes dans d’autres pays européens sont également en train d’adopter cette technologie passionnante.
Aux États-Unis, la ville de New York prévoit de faire passer l’ensemble de ses 5 700 bus à l’électricité d’ici 2040. Comme beaucoup l’ont fait remarquer, cela pourrait arriver bien plus vite que cela. Los Angeles prévoit également de le faire d’ici 2030. De même, Seattle commence à utiliser cette technologie et prévoit de disposer de 120 bus de ce type d’ici 2020. Chicago, Washington DC et de nombreuses autres villes américaines suivent le mouvement.
Mais le vainqueur de l’adoption des bus électriques est sans conteste la Chine, et ce grâce à l’énorme production d’entreprises locales telles que BYD. La République populaire en comptait 400 000 à la fin 2018, soit 99% du marché mondial. Toutes les cinq semaines, les villes chinoises ajoutent 9 500 de ces transporteurs à émissions nulles, soit l’équivalent de toute la flotte de Londres. Rien que dans la ville de Shenzhen, on compte plus de 16 300 bus électriques !
Les seuls qui perdent à l’adoption massive de cette technologie sont les compagnies pétrolières. Selon Bloomberg, ” Pour chaque millier de bus à batterie en circulation, environ 500 barils par jour de carburant diesel seront déplacés du marché (…) Cette année, le volume de carburant non nécessaire pourrait augmenter de 37 % pour atteindre 279 000 barils par jour. “
Voilà d’excellentes nouvelles ! Faisons en sorte que tous les bus soient électriques ou sans émissions d’ici la fin de la décennie !