Le week-end dernier avait lieu à Nantes le rendez-vous incontournable des passionnés de sciences et des férus de science-fiction : les Utopiales. Cette édition 2022 était particulièrement marquée par les thématiques des nombreuses limites et transitions auxquelles nos sociétés font face.
La dernière conférence à laquelle j’ai assisté dimanche était particulièrement fascinante : « Remplaçons la ligne droite par le cercle : plus de limite ! » avec Céline Guivarch, Yannick Gomez et Fabien Velhmann.
Céline Guivarch est Directrice de recherches à l’Ecole des Ponts et a participé à la rédaction du dernier rapport du GIEC. Yannick Gomez est Co-responsable du Master en Management de la Transition Écologique et de l’Économie Circulaire à l’Université de Montpellier. Fabien Velhmann quant à lui est scénariste de la série de bandes dessinées à succès « Seuls ».
Cette conférence d’une heure était d’une richesse absolue. Une scientifique, un universitaire, un écrivain, le tout pour nous apporter un mélange de message scientifique et pragmatique avec une touche de légèreté et de storytelling.
Le thème, bien amené, était l’impératif de passer du modèle économique linéaire actuel – miner, transformer, utiliser, jeter – à un modèle circulaire basé sur sept piliers :
1. Approvisionnement durable (achats responsables)
2. Écoconception
3. Écologie industrielle (et territoriale)
4. Économie de la fonctionnalité
5. Consommation responsable
6. Allongement de la durée d’usage
7. Recyclage, fin de vie produit
L’économie circulaire est une boite à outils extraordinaire pour nous permettre de « passer au dessus du mur » vers lequel nos sociétés se dirigent à toute vitesse (mur matérialisé par le changement climatique, mais aussi l’explosion des inégalités, l’effondrement de la biodiversité, etc.)
Les modèles socio-économiques dans lesquels nous avons vécu depuis plus de 70 ans sont en crise. Il est urgent d’inventer de nouveaux modèles, de nouvelles façons de vivre. Et c’est là toute la richesse des Utopiales : au coté de grands scientifiques, de grands penseurs et faiseurs, on trouve de grands conteurs d’histoires.
Face à la nécessité d’absolument tout changer au sein de nos sociétés – les façons dont nous vivons, bougeons, mangeons, mais aussi notre rapport à la Nature et au Vivant… – il faut inventer et raconter des histoires différentes de celles dont on nous abreuve au quotidien.
Fort heureusement, il existe déjà de nombreuses initiatives citoyennes destinées à rendre nos communautés plus durables, plus résilientes. Les personnes qui travaillent à créer ces outils, ces coopératives, sont les héros et héroïnes du quotidien des nouveaux récits qui sont en train d’être écrit. L’économie circulaire est déjà là. Il ne s’agit que de l’aider à se développer plus rapidement et plus fortement.
Coté fiction, la SF apporte d’autres récits et tente d’inventer un autre futur, plus désirable, plus respectueux de chacun et de tout. La branche climate fiction (ou cli-fi) prend déjà en compte depuis longtemps les bouleversements climatiques, imaginés ou réels, présents ou à venir. (Voir à ce sujet la page Wikipedia anglophone).
Mais sommes nous condamnés à l’angoisse, au désespoir ? Non, une autre branche de la SF, nommée Hopepunk se charge d’inventer d’autres façons d’envisager demain, plus porteuses d’espoir et plus inclusives
On le voit : que ce soit dans la création de nouveaux modèles de vivre ensemble ou dans l’écriture de nouvelles histoires, nous avons tous et toutes un rôle, des rôles, à jouer. Nous devons nous retrousser les manches : chaque tonne de gaz à effet de serre compte, chaque minute compte.